Réveil matinal sous le soleil étincelant de Paris. Fabrice Juan nous a donné rendez-vous dans un atelier littéralement éblouissant au premier sens du terme. Ici, les feuilles d’or s’affolent et virevoltent pour notre plus grand plaisir. Nous sommes dans les prestigieux Ateliers Gohard. Une maison historique, située dans l’un des quartiers les plus anciens de Paris, le 11ème arrondissement.
Depuis plus de 50 ans, les artisans créateurs de cet atelier hors du commun, réalisent des pièces d’exception pour les plus grands décorateurs, les maisons de luxe et les monuments historiques comme la Statue de la liberté, la Concorde ou encore le Dôme de Invalides.
Fabrice Juan, nous fait signe de le rejoindre auprès de Franck Debets. L’un des chefs d’orchestre de cette institution. Face à nous, une quinzaine d’artisans s’affairent avec passion sur des pièces exigeantes. Notre œil se laisse rapidement distraire. Dans l’un des coins de l’atelier, une sculpture monumentale attend la FIAC avec impatiente. En Face, d’immenses panneaux recouverts de feuilles d’argent sont autant de miroirs de l’atelier. Franck Debets, ravi de notre éblouissement, nous montre Fabrice Juan du regard. Entre ses mains, une plaque métallisée à froid dont les motifs, pourraient laisser penser au néophyte, qu’il s’agit d’une marqueterie. La finition est étourdissante. L’effet saisissant.
Les ateliers Gohard sont également des véritables créateurs de matières. Des visionnaires qui explorent la richesse infinie des patines, des textures, des peintures.
Concentré, Fabrice Juan examine et sélectionne les échantillons de matières pour réaliser la serrurerie d’un bel appartement. Il commente : «la finition doit être irréprochable. Les poignées sont l’un des éléments que nous touchons le plus dans un appartement. Elles dégagent une certaine forme de sensualité. Je n’irai pas jusqu’à parler de spiritualité, mais la finesse du grain, la chaleur d’une matière, le soin apporté au polissage, la précisions d’une patine contribuent, sans même nous en rendre compte, à l’émotion».
Franck qui s’est éloigné s’attarde devant une large feuille aux somptueux motifs orientaux. L’ensemble, craquelé avec soin, nous rappelle cette scène mythique de « Il était une fois en Amérique » durant laquelle De Niro s’allonge dans un salon d’opium enfumé. Fabrice Juan commente : « Les matières gardent en mémoire les traces de ce que nous sommes au plus profond de nous ».
À travers la large vitre siglée d’un G en lettre dorée, un homme à la chevelure d’argent applique avec dextérité des feuilles de Palladium sur un panneau préalablement enduit d’une mixtion gardée secrète. Le «rouge à l’assiette» n’a pas sa place dans cette situation.
La pose est millimétrée, délicate, sans failles, sans interstices… l’ambiance est studieuse. Nous nous surprenons à parler à voix basse. L’artiste, agile, est le gardien d’une technique ancestrale. Le large pinceau glisse sur sa joue… cherche une feuille puis la dépose, sans surprise, à la perfection pour recouvrir légèrement la précédente en respectant la technique de la pose en damier.
Fabrice Juan nous parle de sa rencontre, avec Baptiste Gohard et Franck Debets, il y a 8 ans déjà. Une première collaboration qui a commencé dans un appartement attenant au Trocadero. Du marmorino, du parchemin, de la peinture décorative, de la métallisation à froid, de larges portes bleues pastel ornées de plaques et béquilles en bronze ciselé… il n’en fallait pas plus pour créer des liens indéfectibles.
Christelle, nous rejoint dans l’atelier. Elle vient s’assurer que le cadre en provenance de l’Élysée est entre de bonnes mains. Armés d’un fer à reparer, deux experts, cisèlent et font réapparaitre les motifs oubliés.
On les surprend en pleine discussion, face à un large médaillon. «Il irait à merveille dans le précieux appartement que je rénove en ce moment». Le sérieux laisse place à un peu de fantaisie. Fabrice prend la pose et tel un héros romantique, s’imagine capturé par la grâce du pinceau d’Eugène Delacroix.
Les Ateliers Gohard sont également présents à New-york. Ils contribuent ainsi aux rayonnement International de notre savoir-faire artisanal et défendent les valeurs de l’art de vivre à la Française, si chères à Fabrice Juan.
Nous espérons en silence que notre prochaine escale nous emmènera Outre-atlantique pour découvrir d’autres belles adresses. En attendant cette possible invitation, Fabrice Juan a pour notre plus grand plaisir et pour la seconde fois atteint son objectif : Nous éblouir.
Pour ce premier rendez-vous consacré aux artisans d’art, Fabrice JUAN nous convie dans un atelier qu’il apprécie tout particulièrement.
L’Atelier Prométhée est une manufacture d’objets d’art dans laquelle il aime se ressourcer et puiser son inspiration. Nous sommes encore dans la cour et pourtant la délicate odeur du plâtre frais réveille en nous des souvenirs oubliés. De l’extérieur, impossible d’imaginer les trésors que ce lieu enferme. Le pas assuré de Fabrice, nous rappelle que nous ne sommes pas venus ici par hasard.
Nous venons de pénétrer dans un lieu aussi étonnant que discret et la surprise est lisible sur nos visages. Après avoir traversés cet espace inondé de lumière, nous faisons connaissance avec Benoit Ruffenach. L’un des deux associés de l’Atelier Prométhée.
Mais assez vite, la manufacture enrichie son offre avec un véritable savoir-faire en reproduction d’œuvres d’art. Aujourd’hui, elle travaille, entre autres, pour les jardins du Château de Versailles, collabore avec le Musée Rodin, le Musée Bourdelle, habille les plus grandes boutiques de luxe et réalise les commandes sur-mesure des plus grands décorateurs internationaux.
Fabrice Juan entretient depuis maintenant plusieurs années, une très belle relation de complicité avec l’Atelier Prométhée dont il apprécie le sérieux, l’exigence et la maitrise technique indéniable.
Nous passons à côté d’un ours de François Pompon recouvert pour l’occasion d’une épaisse couche de matière siliconée. Il règne dans ces ateliers, beaucoup de calme, de sérénité et de bienveillance.
Les artisans que nous croisons, malgré leur concentration, prennent tous le temps de nous parler de leur travail. Nous allons comprendre dans quelques secondes, pourquoi Fabrice Juan se sent si bien dans cet environnement. Sur une table, il s’empare d’un échantillon, dont le profil enchaine des courbes sinueuses et géométriques. La forme retient toute son attention. Il l’observe attentivement… la regarde à la lumière puis la fait tourner à plusieurs reprises. Une question s’ensuit. L’artisan, après s’être accordé un court temps de réflexion lui répond avec assurance. Fabrice Juan repart, visiblement réjouit par la réponse obtenue.
À l’étage, nous découvrons posées sur le sol des empreintes de moulage. Comment aurions-nous pu imaginer qu’il en faille autant pour mouler ce cavalier flamboyant sur son destrier.
Un peu plus loin, des dizaines de bustes alignés s’apprêtent à rejoindre les chambres d’un grand hôtel. Fabrice s’en amuse avec la bonne humeur qui le caractérise.
Entourés de vases géants, de colonnes doriques, de carreaux émaillés peint à la main, d’angelots et de médaillons d’ornement… parfois surréalistes. Comme celui, accroché au mur, qui porte par amusement une paire de lunettes. Un peu plus loin encore, deux lévriers, au repos, retiennent l’attention de Fabrice. La discussion s’engage de nouveau avec un artisan et Benoit qui nous a rejoint pour l’occasion. Il y a fort à parier, qu’un jour, ces deux sculptures intègreront l’entrée d’apparat d’un hôtel particulier.
Notre visite s’achève, hélas trop vite, aux côtés du faune au chevreau, aussi séduisant qu’élancé.
L’artisan qui s’en occupe, traque la moindre imperfection. Cette œuvre devrait rejoindre dès le lendemain les jardins du plus célèbre des châteaux.
Nous regroupons nos affaires, mais une question nous taraude. Qu’avait Fabrice en tête, lorsqu’il tenait son échantillon de matière brute en main ? La réponse ne se fait pas attendre : « un trumeau de cheminée », nous répond-il ! Nous n’en saurons pas beaucoup plus, si ce n’est qu’un heureux propriétaire devrait en profiter bientôt dans l’un de ses projets en cours.
En attendant notre prochaine invitation, nous remercions chaleureusement l’Atelier Prométhée pour leur accueil.